Qu’est-ce que l’infaillibilité papale ?

Pour l’Église Catholique le pape n’est pas toujours infaillible, il l’est seulement dans la condition suivante :
L’infaillibilité du pape est un dogme selon lequel le pape ne peut se tromper lorsqu'il s'exprime "ex cathedra" (c’est-à-dire en tant que Docteur suprême de l’Église et en engageant sa pleine autorité apostolique), et ce, en matière de foi et de morale. On peut sans doute dire que dans la théologie Catholique l’expression latine "ex cathedra" signifiant littéralement "de la chaire", va se référer à une déclaration (un enseignement) du pape dont on considère qu’il a l’intention d’invoquer l’infaillibilité. La «chaire» dont on se réfère n’en n’est pas une littéralement mais cela reste un symbole de leur enseignement et de leur autorité, ne disons-nous pas qu’il occupe «la chaire de Saint Pierre» ? Le pape actuel vu par l’Église Catholique comme le successeur de Saint Pierre joue donc le rôle de porte parole de toute l’église parmi les évêques.

     Quand et comment :

L’infaillibilité pontificale est pour l’Église Catholique un dogme qui a été défini en 1870 lors du premier concile au Vatican. Il est d’ailleurs à l’origine d’un schisme mineur de l’Église Vieille-catholique. C’est aussi un point majeur de désaccord dans le dialogue œcuménique avec les églises Protestantes, l’église Anglicane, l'église Orthodoxe. Et ne parlons pas bien sûr de la réaction de la philosophie rationaliste !!! Il me semble que cet exercice de l’infaillibilité n’a été exécuté qu’une fois depuis 1870.
L’Église Vieille-catholique explique bien sur son site, comment les choses sont arrivées en 1869-1870 lors de ce premier Concile au Vatican.

En résumée il me semble possible de dire que :
Lors de ce concile il semblerait que 380 évêques s’opposèrent et que 778 Évêques appuyèrent cette proposition. Il y a eu des débats très vifs et une résistance farouche, il fut rappelé les erreurs doctrinales commises par certains papes, par exemple Honorius I qui fut condamné par le sixième concile de Constantinople en 680-681, puis il y eut Libère et d’autres encore…

Il faut dire que les évêques étaient soutenus par les érudits connus dans l’Europe de l’époque. Mais la crise politique entre la France et l’Allemagne a obligé les évêques français à quitter le concile. L’opposition à ce dogme perdait de nombreuses voix. Les évêques italiens se trouvaient dans une situation de faiblesse, car financièrement ils dépendaient du pape. Il semblerait que celui-ci abusa sans problème de son pouvoir en leur laissant supposer qu’il leur supprimerait leur dû. Donc découragés ils cédèrent…

En conséquence de quoi : Le 18 juillet 1870, Pie IX put définir que le double dogme de la primauté universelle de droit divin et l'infaillibilité du pape était une vérité de foi divinement révélée. Seul quelques prêtres fidèles à leur conscience ne se soumirent pas à cette vindicte papale, conduisant à un petit schisme dans l’Église Catholique…

En d’autres mots, l’infaillibilité papale se définirait comme suit:
C’est pourquoi, nous attachant fidèlement à la tradition reçue dès l’origine de la foi chrétienne, pour la gloire de Dieu notre Sauveur, pour l’exaltation de la religion catholique et le salut des peuples chrétiens, avec l’approbation du saint Concile, nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu: le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème.

Lors de Vatican II, le 21 Novembre 1964 la constitution dogmatique le «Lumen gentinum» proclame : «Le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit, du fait même de sa charge, de cette infaillibilité quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi, il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les mœurs.»
Une déclaration (enseignement) d’un pape peut contredire un autre qui lui serait antérieur si cet enseignement n’avait pas été considéré comme infaillible. Un enseignement infaillible ne peut pas être dénoncé, de même les enseignements de la Bible ou de la tradition.

Sauf que pour le protestant que je suis, la tradition contredisant souvent la Bible, je constate que c’est la tradition qui est en générale privilégiée…
Pour finir, il me semble qu’il faut qu’il y ait certaines formules qui indique que l’enseignement est définitif, et que cela est bien décrété…

Voilà un exemple d’un enseignement infaillible du pape. Celui donné par le pape Pie XII concernant l’assomption de la vierge Marie :
C'est pourquoi, après avoir adressé à Dieu d'incessantes et suppliantes prières, et invoqué les lumières de l'Esprit de vérité, pour la gloire du Dieu Tout-Puissant, qui prodigua sa particulière bienveillance à la vierge Marie, pour l'honneur de son Fils, Roi immortel des siècles et vainqueur de la mort et du péché, pour accroître la gloire de son auguste Mère et pour la joie et l'exultation de l'Eglise tout entière, par l'autorité de Notre Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c'est un dogme divinement révélé que Marie, l'Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. C'est pourquoi, si quelqu'un -ce qu'à Dieu ne plaise- osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu'il sache qu'il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique.

 Fondement supposé biblique de cette infaillibilité.

Si ce dogme fonde sa légitimité sur la Bible il serait possible d’invoquer les passages suivants :
Jean 1.42, «…Jésus, l'ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas ce qui signifie Pierre…»
Marc 3.16, «… Voici les douze qu'il établit : Simon, qu’il nomma Pierre…»
Matthieu 7.24-28, «…C'est pourquoi, quiconque entend ces paroles que je dis et les met en pratique, sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc…».
Matthieu 16.18-19 «… Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon église, et que les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle…/…ce que tu lieras sur la terre sera liés dans les cieux…»
Luc 10.16, «…Celui qui vous écoute m'écoute, et celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m'a envoyé…»
Luc 22.31-32, «…Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti, affermis tes frères…»
Actes 15.28, «…Car il a paru bon au Saint-Esprit et à nous de ne vous imposer d'autre charge que ce qui est nécessaire, ...»
Il y a sans doute encore d’autres textes dans les évangiles, mais qui ne rajoute rien à ceux-ci… Finalement l’usage de ce dogme ne fut pratiquement jamais utilisé, à ma connaissance une seule fois par :
Pie XII en 1950 pour le dogme de l’assomption, mentionné ci-dessus.

Du point de vue catholique le pape pourrait invoquer l’infaillibilité en matière de morale.
Même dans les affirmations les plus fermes de Paul VI lorsque dans son encyclique « Humanae Vitae », en 1968 excluant la contraception artificielle, ou celle de Jean-Paul II contre l’avortement ou l’euthanasie… Les papes ne se sont pas placés sous ce dogme de l’infaillibilité.

Il faut dire qu’à part l’Église Catholique elle-même aucune autre église chrétienne n’est d’accord avec cette façon de voir les choses !!!

   Que pouvons nous penser face à la Bible elle-même?

Premièrement il est presque impossible de prouver que Pierre (le supposé premier pape) ait mis une seule fois les pieds à Rome ! Car lorsque que l’Apôtre Pierre écrit aux Chrétiens juifs dispersés, il signe sa lettre de Babylone, 1 Pierre 5.13, «…l’Élue (l’église) qui est à Babylone vous salue, de même que mon fils Marc…» Le texte le plus fort est celui de Matthieu 16.13-20, j’en cite le principal «… Et moi je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront pas contre elle…»
La pierre c’est Pierre. En grec, «Petros» le premier «Pierre» est au masculin et désigne un caillou, une pierre mobile. Le deuxième «Petras» est au féminin et a un sens différent : roc, rocher, littéralement le passage devrait donc se traduire : «Tu es caillou et sur ce rocher je construirai mon Eglise» Jésus fait allusion à la déclaration que Pierre vient de faire «tu es le Christ le Fils du Dieu vivant» Voilà la base de l’Église c’est la déclaration, le témoignage de Pierre.

De même lorsque Jésus affirme dans Matthieu 18.19 «…Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux…» Tout Juif de l’époque comprend que Pierre va définir le droit, la foi… le chemin… Ce qu’il a fait une fois pour toute… Car la Bible prévoit que tout rajout serait nuisible, lire ces déclarations dans Galates 1.8 «…Si nous-mêmes, ou si un ange du ciel vous annonçait un évangile différent qu’il soit anathème…» Et encore dans Jude 1.3, «…à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une foi pour toutes…»

Ensuite nous verrons Pierre le premier faire le premier prêche extraordinaire de l’église naissante… où pour la première fois le salut en Jésus seul est annoncé. Lisez Actes des Apôtres chapitre 2, le jour de la pentecôte. C’est aussi Pierre que Dieu envoie pour prêcher cet évangile en premier aux Non-Juifs à Césarée, Actes des Apôtres chapitre 10.

Mais jamais Pierre n’a prétendu à une supériorité sur les autres apôtres, justement bien le contraire. Lors du premier concile de Jérusalem, dans Actes 15, si nous voyons Pierre ouvrir le débat, il est clos par Jacques qui apporte la réponse (en l’occurrence, Jacques est le frère de Jésus).

Par ailleurs dans Galates 2.7-8, «…Lorsqu’ils virent que l’Évangile m’avait été confié pour les incirconcis (les Non-Juifs) comme à Pierre pour les circoncis (les Juifs) car celui qui agissant en Pierre, en fait l’apôtre des circoncis, a également agi en moi en vue des païens…» Donc chacun la même tâche, mais dans des sphères différentes… Point de supériorité de l’un sur l’autre !

Mais plus fort encore, Pierre lui-même, écrit dans sa première lettre chapitre 5 verset 1 «…J’exhorte donc les anciens qui sont parmi vous, moi ancien comme eux » Je souligne «Moi ancien comme eux» Pierre se voit au même niveau, aucune supériorité !
Par ailleurs Paul va même dans une lettre le réprimander, Galates 2.11, «…Mais lorsque Céphas (autre en om de Pierre) vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était condamnable…»

Puis il faudrait encore prouver le sérieux que la succession apostolique ait été transmise sans faille, car alors tout s’écroule. Mais lorsque l’on connaît l’histoire tumultueuse de bon nombre de papes… à plusieurs reprises une vie de luxure, de débauche, de guerre, de rivalité, etc…

On est en droit de dire non il n’y a pas de succession apostolique sérieuse…

Quel est le pape qui ressemble à l’apôtre Pierre, qui rencontre un misérable boiteux et en une parole au nom de Jésus rend la santé à un infirme, lire Actes 3.6-7, «…Pierre lui dit : Je ne possède ni argent ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth : lève-toi et marche…/…d’un bond il fut debout et se mit à marcher…».

Pierre un homme qui s’élève contre toute autre pensée religieuse de son époque… est loin de l’œcuménisme et du syncrétisme actuel !!! Pierre ne ferait-il pas la figure d’un intégriste parfait !!! Car il annonce sans ambiguïté : «…Le salut ne se trouve en aucun autre (il parle de Jésus) ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés…» Dans Actes 4.12.